Les fascias : des tissus méconnus
La biologie s’intéresse aux fascias depuis relativement peu de temps. Bien qu’on attribue souvent à Andrew Taylor Still [1828-1917], fondateur de l’ostéopathie, l’idée d’y voir un enjeu thérapeutique, les premières descriptions anatomiques officielles dateraient des années 1930 en France. On reconnaît toutefois à la biochimiste américaine Ida Rolf d’avoir été la première, à la même époque, à explorer leurs propriétés « plastiques », capables de conserver des empreintes. Ses recherches ont conduit à la création du « Rolfing ».

Mais qu’est-ce qu’un fascia ? Du latin fascia (bande, bandeau, bandage), c’est une membrane fibro-élastique qui enveloppe les structures anatomiques. Composé de tissu conjonctif riche en fibres de collagène, il forme avec les autres fascias un réseau continu qui relie tout le corps, du crâne jusqu’aux orteils, en profondeur comme en superficie.

On les a longtemps considérés comme des structures passives transmettant les contraintes musculaires ou les forces extérieures. Mais ils protègent et soutiennent également les organes, les muscles et les viscères. Leur continuité assure l’unité corporelle, ce qui explique qu’un problème localisé puisse entraîner des douleurs secondaires à distance du point initial de déséquilibre.
Les fascias réagissent très finement aux agressions physiques, psychologiques ou biologiques. En cas de stress, ils se contractent : une réaction normalement réversible, mais qui peut devenir chronique et perturber l’équilibre général de l’organisme. Cette véritable « mémoire corporelle » stocke à notre insu chocs et traumatismes, créant une fragilité propice au développement de pathologies.
Les fasciathérapies sont des approches manuelles globales qui s’adressent à la personne dans sa totalité — physique et psychique — en stimulant les forces d’autorégulation de l’organisme. Le thérapeute pose les mains sur le corps et s’« accorde » au mouvement subtil et naturel du tissu conjonctif, comparable à un rythme respiratoire. À partir des informations perçues en surface, il peut évaluer la vitalité des tissus et détecter d’éventuels blocages. Grâce à la structure en réseau des fascias, ce toucher sensible permet de repérer des tensions même dans des zones inaccessibles directement aux doigts.
L’intervention du praticien est aussi délicate que son diagnostic : de légères pressions suffisent à restaurer la mobilité des fascias et à relancer les capacités d’autoguérison du corps. Une tension localisée, par exemple près du cœur, peut en effet se traduire par des douleurs dorsales ou des troubles digestifs. Pour une solution durable, il est donc nécessaire de rétablir l’équilibre du corps dans sa globalité. Le thérapeute libère les structures, accompagne le geste dans différentes amplitudes et permet à la santé de reprendre ses droits, menant la personne vers un nouvel équilibre.